Artiste hors pair, comédien, metteur en scène, chanteur, percussionniste ivoirien co-fondateurs du Village KIYI, le centre de formation culturelle dédiée aux arts et à la promotion de la culture africaine en Abidjan, Boni Gnahoré est pour les jeunes de ma génération l’artiste qui a marqué notre enfance avec son titre « Gbazanan ». Cependant, bon nombre d’entre nous ne sait pas qui est réellement Boni Gnahoré. Quand a-t-il commencé l’art ? Et quels sont ses projets artistiques ?

Début de carrière artistique
Boni Gnahoré a commencé l’art par le théâtre boulevard. En 1980, Il forme le groupe Gnangnan sihé kan qui deviendra plus tard Gnangnan sihé tan. Avec ce groupe il fait des sorties dans des établissements scolaires avec l’autorisation de l’inspecteur de l’enseignement en Côte d’Ivoire. Quelques années après, il fit la rencontre de Marie-Josée Hourantier et Wêrê-Wêrê Liking.
Copté par ces dames pour intégrer la Villa Kiyi, Boni Gnahoré fut l’un des premiers acteurs de ce centre culturel. Puis arrive la séparation de Wêrê-Wêrê Liking et Marie-Josée Hourantier, en 1985. Wêrê-Wêrê Liking gardera la Villa Kiyi avec le groupe Kiyi M’bock et Marie-Josée Hourantier créera le Benkadi. Le groupe scindé en deux, Boni Gnahoré restera avec Wêrê-Wêrê Liking dans le Kiyi M’bock.

En 1986, la Villa Kiyi crée sa première pièce « la femme-mêle » avec laquelle le groupe fera sa première tournée en France précisément à Nantes. Et de 1986 à 1987, la vraie formation de Boni Gnahoré commence. Passé desormais au théâtre rituel, le groupe n’ayant pas de musicien car tous des acteurs, Boni Gnahoré se fait percussionniste et musicien. Boni Gnahoré devient le premier percussionniste du Kiyi M’bock
De 1987 à 1988, Boni Gnahoré occupe le poste de directeur de percussion à la villa. C’est là que se développe en lui l’intérêt pour le métier de musicien. Il commence à créer des partitions, des musiques, à gérer toute la percussion du groupe et ce jusqu’en 1992. Puisqu’il s’occupait plus de la musique que du théâtre, il a commencé à faire des recherches sur des percussionnistes africains tel que Adama Dramé, Mamadi Keïta et des recherches dans l’ouest de la Côte d’Ivoire sur le tambour Tématé pour se perfectionner.
Le village KIYI
En 1994, la Villa Kiyi devient le Village Kiyi. De cinq personnes, le groupe passe à soixante-dix personnes et sort son premier album Carnet A dans lequel Boni Gnahoré composa deux chanson, le poulet et déli laba. C’est de là qu’il devient un artiste musicien, percussionniste, auteur et compositeur. Cette même année, le village Kiyi présenta son premier opéra et Boni Gnahoré devient assistant du musicien Rey Lema (artiste jazz congolais) sur cet opéra musical dénommé « le touareg s’est marié à une pygmée » créé par Wêrê-Wêrê Liking.

En 1996, acteur, metteur en scène, créateur de musiques, auteur-compositeur, percussionniste et formateur, Boni crée au sein du village un groupe composé majoritairement d’enfants déscolarisés avec pour but de leur donner un avenir à travers l’art. Il nomma ce groupe « les dénis saints » et créa un spectacle de théâtre qu’ils présentèrent au Centre Culturel Français de Côte d’Ivoire devenu Institut Français de Côte d’Ivoire. Parallèlement il réunit douze artistes du Village Kiyi pour former « le Chœur Atoungblan ». Sous sa direction, le Chœur Atoungblan fait sortir l’album PEDOU dans lequel se trouvait le titre à succès Gbazanan en 1998 qui petit à petit a pris le cœur des africains et a traversé les frontières de l’Afrique. A l’instar de Boni Gnahoré, ce village a formé de grands artistes tels que Pape Gnepo, Boumou Aboubakar, Honakami, Manou Gallo, Dobet Gnahoré…
Ses projets
En 2005 il s’installe définitivement en France précisément en Alsace où il est professeur de musique et créateur du Festi-Tamanois avec toujours les pieds au Village Kiyi. Depuis 2015, il a mis sur pied le projet de création d’un conservatoire de musique qu’il a nommé l’Institut Tamanois. « Le projet a été présenté pour financement tant au niveau de l’Alsace qu’au Ministère de la Culture et de la Francophonie de Côte d’Ivoire depuis 2015 » Me confie-t-il. Boni Gnahoré veut bientôt retranscrire le Festi-Tamanois en Côte d’Ivoire pour créer une seconde plateforme d’échange culturel. À travers ce projet, l’artiste se veut être un canal d’échange culturel entre la France et son pays la Côte d’Ivoire. En attendant la sortie de son prochain album, Boni Gnahoré continue de se produire et de former à travers des ateliers de percussions et des concerts.
Artiste et père d’artistes

Aujourd’hui, Boni Gnahoré en plus d’être un artiste, est le père de trois artistes ivoiriens dont Dobet Gnahoré qui à obtenu un Grammy Award en 2010, Black K l’un des fondateurs et membre du groupe de RAP à succès Kiff No Beat et Lil Black qui évolue egalement dans le Rap Ivoire. Il fut le formateur de sa fille qui faisait partir du groupe « les denis saints«
A l’Afrique Festival 2022, nous avons eu l’honneur de voir sur la même scène Boni Gnahoré et sa fille Dobet Gnahoré. Ce fut l’un des plus beaux moment du festival.
Boni Gnahoré, cet artiste, cette icône de l’art en Côte d’Ivoire, ce père d’artistes demeure un symbole de la culture en Côte d’Ivoire et en Afrique.

Article rédigé à partir d’un entretien avec Boni Gnahoré. Réalisé par Lidwine Priscilla Dakouri
Commentaires