Crédit:

Le destin de Wapoh et Béyiri: La tragique séparation

Crédit image: Lidwine Priscilla Dakouri

La fraternité

En Lôgrèdou, un pays situé en terre occidentale, se trouvait un village nommé Pôpèdou. Dans ce village, situé près de la terrible forêt Badiassêkê, forêt où aucune âme vivante ne doit pénétrer sans des cérémonies du chef de terre qui, lui-même doit connaître deux semaines de purification, vivaient deux frères que liait une complicité qu’aucune âme vivante ne pouvait expliquer. De mémoire d’homme, on n’avait vu deux frères liés de la sorte. On disait que c’était la même âme dans deux corps différents. Ils étaient cités en exemple partout où un différend éclatait. Il se racontait que la seule chose qu’ils ne faisaient pas ensemble était de coucher avec la même femme. Leur complicité les amenait à ne pas sentir la cruauté de la vie. Oui l’amour qu’ils se portaient dominait les difficultés de la vie. Tout un mystère les entourait.

La seule personne que cette complicité inquiétait était leur mère. Elle savait qu’une fois que la mort frappait l’un d’eux, l’autre avait au maximum un an de vie. Elle alla donc consulter l’oracle pour savoir comment épargner ses enfants de ce sort. Celui-ci lui révéla une terrible nouvelle concernant plutôt ses deux petits enfants Wapoh et Béyiri. Les deux frères ont élevé leurs deux enfants avec la même rigueur et le même amour. Les jours fériés, ensemble ils allaient au champ avec leurs enfants pour leur enseigner le langage des animaux, le message du vent, la volonté de la terre et le discours du ciel. Il en était jusqu’à ce que les enfants arrivent en classe de CM1. La complicité des deux frères ne faiblissait pas et elle se voyait aussi au niveau des enfants.

Le mystère autour de la mort

Depuis une semaine, une pernicieuse maladie ne quittait plus le pere de Béyiri. En homme mûr, il se savait condamné.

Mais depuis une semaine, une pernicieuse maladie ne quittait plus le père de Béyiri. En homme mûr, il se savait condamné. Le père de Wapoh attendit la nuit obscure pleine de mystère où les revenants se permettent de revenir regarder leur ancienne demeure pour se rendre dans la case à garçon de son frère qui de toute évidence semblait l’attendre. Les deux hommes ne se sont pas quittés des yeux pendant un moment. Le silence était pesant et il se faisait entendre des grondements de tonnerre au dehors. Le père de Béyiri a commencé à tracer des signes à terre. La conversation pouvait maintenant commencer même si pour l’initié elle avait déjà débuté.

En homme averti, le père de Wapoh savait qu’il ne devrait prendre la parole sans écouter le message de la nature qui se donnait dehors avec le déchirement du ciel. Oui le ciel était en furie. Les éléments atmosphériques perturbateurs étaient débridés. Les grondements de tonnerre succédaient aux éclairs qui illuminaient le ciel. Le village était plongé dans une peur panique. Les aboiements répondaient aux rugissements, les grondements suivaient les hurlements. C’est dans cette situation que la voix du chef de terre se fit entendre. Il demandait à tous les habitants du village de fermer hermétiquement les portes et les fenêtres et que nul ne s’aventure au dehors.

Sa voix devenait de plus en plus méconnaissable pour s’apparenter à des aboiements. Oui il n’était plus tout à fait humain. Il était en commerce avec le monde des morts pour comprendre le déchirement du ciel et le tremblement de la terre. C’est en ce moment précis que se fit entendre une terrible voix provenant de la redoutable forêt Badiassêkê, forêt où personne ne doit couper un arbre de peur de voir l’arbre poursuivre l’imprudent et le tuer avant de revenir se planter. Les hommes depuis leurs habitations sentaient cette nuit des hombres sortir de cette forêt pour envahir le village. Seul le chef de terre pouvait rester au dehors en ce moment car en tant que chef de terre, il a un pouvoir sur celle-ci.

Les consignes

Après avoir longuement écouté le message des évènements, le père de Wapoh comprit qu’il ne devrait plus fixer son frère, car on ne croise pas le regard d’un mort. Oui le message de la forêt Badiassêkê était clair. Elle était venue chercher son fils. Il ne pouvait donc pas s’adresser directement à son frère. Aussi s’adressa-t-il au
mur :

– Quel message m’apportent les ancêtres en cette nuit mouvementée ?

– Ne me parle pas frère comme si j’avais déjà mangé la nourriture de l’au-delà. Je ne suis qu’en route et peux encore parler le langage des hommes.

– Ce n’est pas un adieu. Je suis venu te dire merci de m’avoir montré le vrai visage de la vie qui est
l’amour. Ton amour et cette complicité m’ont permis de transformer mes peines en félicité. Quand je sentais le
poids de la pauvreté, je me sentais riche en fraternité. J’ai porté en moi tout ce temps, la peur de voir cet amour faiblir. Dieu aidant, elle a guidé nos pas.

– Que cette fraternité et cet amour soient encore plus forts entre Wapoh et Béyiri si cela est possible. Jamais ils
ne doivent s’appeler cousin car c’est une invention de ces hommes qui ne connaissent vraiment pas les hommes. Continue de leur apprendre le langage de la terre, la vérité du ciel et le mystère de la forêt. C’est la base de la formation de l’homme. Tu leur diras surtout que l’homme peut faire beaucoup avec la haine mais encore plus avec l’amour. Qu’ils fassent donc le choix de l’amour. Je ne disparais pas car tu me retrouveras à travers les oiseaux qui chanteront sur la route du champ. Tu m’entendras à travers les bruissements des feuilles.

Comme une ombre, il sortit de sa case. Illusion? Sûrement mais le père de Wapoh venait de voir l’âme de son frère quitter son corps et sortir de sa case. Quelques instants après, on entend des pleurs dans le
village. Le père de Béyiri vient de mourir.

A dimanche prochain pour la suite de cette petite histoire Destin: Wapoh et Béyiri écrite par Lidwine Priscilla Dakouri

Partagez

Auteur·e

legbakohdedjimlin

Commentaires