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Le destin de Wapoh et Béyiri: La vie sans (re)pères

Que reserve le destin à Wapoh et Béyiri?

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Ce sont les vacances et les enfants sont admis en classe de CM2. Une classe qui va leur ouvrir la voie de l’aventure. Le père de Wapoh ne cesse de se demander s’il leur a donné l’éducation nécessaire surtout que depuis des semaines une maladie ne quitte son corps déjà fatigué. Ce jour de vendredi, jour dédié aux ancêtres, à l’heure où le silence est descendu sur le village, le père invita sur un ton péremptoire ses enfants à le suivre. Son visage était celui des jours solennels. Les traits de son visage rappelaient le sérieux de l’affaire.

Avec peur mais une confiance absolue, les enfants suivirent leur père cette fois ci sur la voie de la terrible forêt badiassêkê. A l’entrée de la forêt, le père de Wapoh lança un hurlement digne des ours. Il n’était plus humain et ses enfants semblent ne l’avoir jamais vu ainsi. Avec un signe, il leur demanda de le suivre dans la forêt noire. Ils croyaient voir des hombres sortir des ventres des arbres et les précéder sur la piste empruntée. Arrivés dans un endroit où semble ne pousser aucune herbe, le père fit asseoir ses enfants. Dans le noir où les enfants ne pouvaient voir leur père, ils écoutaient ses conseils : je pars sans vous laisser une richesse matérielle. Mais je vous laisse une richesse : l’amour. Ni la femme ni l’argent ne doivent vous diviser. Je vous donne ma bénédiction, je vous donne la protection des ancêtres. Qu’aucune malédiction n’ait d’effet sur vous. Cette même nuit, après être arrivé à la maison, l’âme a quitté le corps du père de Wapoh.

La nouvelle vie de Wapoh et Béyiri

Une nouvelle vie va commencer pour eux et pour la première fois, les deux enfants seront séparés. Wapoh accepte de se rendre à la grande ville chez leur oncle. Béyiri décide de rester au village pour revisiter les forêts qu’il fréquentait avec ses parents pour encore écouter leur conseil à travers les bruissements des feuilles. Pour la première fois Wapoh, apprenait à affronter la vie loin des conseils et de la rigueur constante de ses parents. Il passait la plupart de ses temps libres à admirer la photo prise ensemble avec son frère le jour de leur séparation.

Béyiri quant à lui, Il ne manquait de marmonner des prières pour son frère afin que le Dieu de leurs ancêtres le préserve de la dépravation de la grande ville. Après les cours, il courait toujours voir sa grand-mère que la vie avait beaucoup éprouvée. Parfois, au moment de leur causerie, elle avait tendance à l’oublier et à causer avec l’invisible. Revenue à elle, elle souriait à son petit-fils avec qui elle liait conversation.

– Tu t’es sacrifié pour moi. Je le sais, c’est pour moi que tu as refusé de partir avec ton oncle à la grande ville

– Qu’est-ce que je pourrais proposer de bien à la vie si j’étais capable d’abandonner ma mémé ? Non je ne
pouvais y aller.

Avec les yeux humectés de larmes mais avec sourire qui laissait entrevoir une bouche qu’avaient abandonnée les dents depuis un moment, elle tirait son petit-fils sur sa poitrine qui n’avait aucun souvenir de seins.

– Tu aurais dû partir, tu aurais dû partir. J’ai déjà vécu et ici je suis chez moi. Je ne suis pas seule.

– Non mémé, je m’en sentirais trop laid. Je suis désormais ton papa et toi ma fille. Il me revient de m’occuper de toi. Si les enfants ou les petits enfants devraient abandonner leurs parents, la vieillesse serait devenue une malédiction.
La conversation durait jusqu’à ce que la mémé s’endorme.

Wapoh e Béyiri au campus II

Le temps passait et les deux enfants grandissaient en âge et en intelligence. Au moment où tout le monde les croyait séparés par les exigences de la vie, le destin une fois de plus allait réunir à nouveau les deux frères.
Après leur brillant succès au baccalauréat, ils ont été orientés à l’Université de Kabé. Logés au campus II,
chambre 112, 3eme étage, bâtiment C. Les deux frères se faisaient remarquer par leur intelligence et leur complicité qui étonnait tout le campus. Ils étaient objets de curiosité et étaient cités en exemple quand il
s’agissait de donner des exemples d’amitié et de fraternité. Un jour, revenant d’une promenade, Wapoh dit à son frère:

– Aujourd’hui, mon regard a osé se poser sur une fille au corps sans défaut. Je veux donc que tu m’accompagnes lui témoigner mon amour. Je veux que tu sois témoin de mon premier pas dans l’univers de l’amour.

Avec amour et attention, Béyiri a écouté son frère. Pour la première fois, il a vu Wapoh en extase. Intérieurement, il a partagé son bonheur et il le lui a d’ailleurs dit:

– Je ne serai pas seulement le témoin de ce rendez-vous. Je serai le témoin de votre mariage.

La rencontre

Rendez-vous est pris le vendredi à 19h31mn avec la belle Gbadjo. Elle était de ses filles rares qui, malgré leur beauté, restaient taciturnes. Avec un respect qui tend à disparaître, elle reçut les deux frères. La causerie était des plus conviviales. Quant à la raison de leur présence, les deux frères restaient silencieux. Le regard de Gbadjo semblait interpeller Wapoh qui se décida enfin

– Gbadjo comprend mon gêne. J’ignore tous des méandres de l’amour et sans vouloir me peindre davantage, je suis encore pur, autant que mon frère, comme je l’étais quand je sortais du ventre de ma mère. Si je veux donc m’encombrer de circonlocutions diplomatiques, je risque de ne rien dire. Accepte donc mes tremblements comme le témoignage de mon amour pour toi.

Béyiri jusque-là silencieux, regardait son frère avec admiration. Tout son être semblait supplier Gbadjo de donner une suite favorable à son frère.
Après un moment, Gbadjo demanda aux frères de lui laisser un temps de réflexion, une semaine.

A dimanche prochain pour la suite de cette histoire Destin: Wapoh et Béyiri écrite par Lidwine Priscilla Dakouri

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Auteur·e

legbakohdedjimlin

Commentaires

Alhassane Konah Baldé
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Merci pour le partage

Djimlin
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Merci Alhassane