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Les Héritières, un film réaliste

Diffusé sur Arte le 5 juin 2021, soit un an jour pour jour, le film « Les Héritières » de Nolwenn Lemesle écrit par Laure-Élisabeth Bourdaud et Johanna Goldschmidt, avec Déborah François, Tracy Gotoas, Fanta Kebe, Lucie Fagedet, Tatiana Rojo (Amoutati), Sam Chemoul, Augustin Ruhabura, Marie Bunel comme acteurs principaux est une réussite. Touchant et d’un réalisme fou, ce film raconte le parcours d’une adolescente de Seine-Saint-Denis qui intègre le prestigieux lycée Henri-IV.

Sanou, excellente élève d’un collège de Seine-Saint-Denis classé REP+ (Réseau d’Education Prioritaire renforcée), fait son entrée en Seconde au lycée Henri-IV, un prestigieux lycée de Paris. Issue d’une famille très modeste, Sanou a beaucoup de mal à s’adapter à ce nouvel environnement dont elle ne maîtrise pas les codes. Les décalages qui existent entre Sanou et le reste de sa promotion sont percutants. Elle choisit au départ de cacher qui elle est vraiment pour se faire accepter par ses camarades, qui semblent déjà tous issus d’une certaine élite et n’ont pas le même héritage culturel qu’elle.

La masse de travail impressionnante, rythme infernal fait d’incessants allers-retours entre le domicile familial et le lycée, alors quand l’opportunité lui est offerte d’avoir une bourse et une chambre étudiante non loin de son lycée en étant la tutrice de Khady… Sanou se donne à fond pour y arriver. Ce film aborde la question de l’égalité des chances et du déterminisme social à travers les parcours de Sanou et de Khady. Achalée entre sa famille qui peine à la voir s’émanciper de ce qu’on attendait d’elle, et qu’elle ne veut pas renier, et son désir de croire en ses rêves de réussite, Sanou a fait le choix de réussir.

Déterminée, elle décide de prendre son destin en main et de faire face à ses parents en reprenant, malgré l’interdiction de son père, le chemin du lycée Henri IV. C’est aussi déterminée que Khady décide de suivre sa passion qu’est la danse. Derrière la compétitivité qui fait rage dans ce genre de lycées d’exception ou de classes préparatoires, et qui est ici très bien représenté, ce téléfilm de Nolwenn Lemesle s’intéresse avant tout et surtout à la thématique du transfuge de classe. A partir des thèses de Bourdieu et de Passeron, les scénaristes Laure-Élisabeth Bourdaud et Johanna Goldschmidt tissent un très beau film qui, sans aucune forme pathétique, fait le choix d’une vision un peu plus reluisante et optimiste, même si le constat dressé sur les inégalités sociales qui persistent est tout de même inquiétant.

Ce film est une réussite et ce grâce également à ces jeunes comédien(ne)s qui ont très bien interprétés leur différents rôles. Je ne vous cache pas que je l’ai regardé deux fois de suite. La première fois dans la peau d’un téléspectateur lambda et la seconde fois dans la peau de la médiatrice artistique et culturelle que je suis. L’histoire de Khady dans ce film m’a fait pensé à celle de Aya interprétée par Assa Sylla dans Danbe la tête haute de Boulerm Guerdjou.

Les héritières de ce nouveau monde ne doivent pas subir la classification sociale et tous ces préjugés qui vont avec.

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Auteur·e

legbakohdedjimlin

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